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Le régime des IG pour les productions industrielles et artisanales : De l'ancrage territorial à l'économie circulaire
Nicolas Lacombe  1@  , Caroline Tafani  1@  
1 : UMR 6240 LISA CNRS
CNRS : UMR6240 LISA

Le régime des indications géographiques a connu une extension de son champ d'application en France aux produits industriels et artisanaux. Au travers de cette proposition l'enjeu est de voir comment se construit le lien à l'origine en dehors du cas des productions alimentaires. Je m'appuie sur le cas de la coutellerie en Corse, que je mettrai en perspective avec d'autres types de créations liées au textile. Par ailleurs, on constate que l'artisanat est étroitement corrélé à l'usage de sous-produits issus de l'élevage, notamment les laines, cornes, que j'aborde alors dans un second temps du point de vue de l'économie circulaire.

i) L'artisanat est généralement associé à des savoir-faire, laissant place à la création individuelle, singulière, ce qui rend délicate la reproduction de la notion de typicité, que l'on retrouve dans le secteur agro-alimentaire. Cette notion recouvre une dimension géographique liée à la délimitation de frontières, et une dimension sociale ou les techniques de fabrication sont communes entre plusieurs producteurs. Ces deux composantes semblent a priori éloignées de l'artisanat, or, dans le cas de la coutellerie et de l'artisanat textile on retrouve des dimensions semblables. Au-delà des artefacts techniques, la matérialité des ressources employées construit le lien au lieu. Chez les couteliers l'usage de la corne est répandu dans le cas de la fabrication du Cornicciolu et peut fonder une première acception de la typicité, alors que dans le cas du textile, l'usage de la laine corse véhicule la mobilisation d'une race animale spécifique ;

 

ii) A cette première composante qui s'inscrit dans la continuité d'un travail sur l'ancrage territorial, je propose d'élargir ce champ d'étude à celui de l'économie circulaire. Laines et cornes sont considérées comme des sous-produits issus de l'élevage et leur valorisation dessine un certain nombre de perspectives associées à la notion de circularité. Elle fait en effet référence d'une part à l'usage de ressources renouvelables dans les techniques de conception textile, et mobilise l'emploi de matériaux biosourcés dans une industrie aujourd'hui largement dominée par les matériaux issus de la pétrochimie. Par ailleurs, on peut voir se dessiner des synergies productives où les déchets d'une activité sont envisagés comme des ressources pour un autre secteur, donnant lieu à l'introduction d'une logique de proximité. Ces deux composantes s'apparentent à la notion de symbiose étudiée dans le cas de l'industrie avec ici un champ d'application mobilisable dans le secteur agricole et artisanal en milieu rural.

Ce travail est issu d'une recherche post-doctorale conduite au sein de l'UMR LISA. Il s'appuie sur un travail d'enquête mené auprès des artisans ainsi que des éleveurs. L'analyse des données conduit à la construction d'un modèle permettant de reproduire les apports de l'écologie industrielle et territoriale au secteur des productions animales. Il propose un ancrage théorique dans une tradition de recherche s'intéressant à la construction du lien au lieu et une seconde dimension liée à la durabilité des systèmes productifs locaux.


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